It should be noted that the Pradeau-Brisson translation of 720e5 is in general agreement with Bobonich's construction, but that their interpretation, as summarized in footnote 2, differs:
I don't know the paper of Lisi, which was published I believe in the 2000/1 Revue philosophique de la France et de l'étranger.Alors tu dois aussi réfléchir à ceci : puisque dans les cités il y a parmi les malades des esclaves et des hommes libres, ce sont, dans la plupart des cas ou peu s’en faut, des esclaves [720c] qui soignent les esclaves, soit lorsqu’ils font leur tournée, soit lorsqu’ils reçoivent dans leur officine. Et aucun des médecins de ce genre ne donne à propos d’aucune maladie la moindre explication à chacun des serviteurs qu’il soigne, ni n’en accepte ; mais, avec une arrogance qui s’apparente à celle d’un tyran, après avoir prescrit ce qu’il estime être le mieux à la lumière de l’expérience, et cela comme s’il savait parfaitement à quoi s’en tenir, il s’en va et court soigner un autre serviteur malade, déchargeant ainsi son maître du souci des malades. Le médecin libre, lui, [720d] soigne et suit la plupart du temps les maladies des hommes libres. Il procède à une enquête systématique sur l’origine du mal et sur son évolution naturelle, en entrant en communication avec le malade lui-même et ses amis ; il se renseigne lui-même auprès des patients et en même temps, dans la mesure où la chose est possible, il instruit à son tour celui dont la santé est défaillante. Bien plus, il ne lui prescrit rien avant de l’avoir persuadé d’une manière ou d’une autre. Alors, il ne cesse de s’occuper du malade en adoucissant ses peines par le moyen de la persuasion, et il tente d’achever son œuvre en tâchant de le ramener [720e] à la santé. Est-ce de cette manière-là ou de l’autre que le médecin pratiquera le mieux la médecine ou que l’entraîneur pratiquera le mieux l’entraînement[i] ? Sera-ce en exerçant cette fonction unique à l’aide des deux moyens[ii], ou bien à l’aide seulement du pire des deux, celui qui est le plus pénible ?
[i] Le médecin et l’entraîneur : sur l’association de ces deux personnages dans les dialogues de Platon, voir Gorgias 465b-c, 518a. Le personnage d’Hérodicos de Sélymbrie réunit ces deux fonctions (République III 406a-b, voir Phèdre 227d).
[ii] En faisant usage de la contrainte et de la persuasion. Voilà, en l’espèce de cette méthode double, la leçon de cette comparaison : le travail des deux médecins concout à la santé de tous les citoyens. Les moyens utilisés diffèrent (discussion et persuasion dans un cas, prescription tyrannique dans l’autre), mais la fin est la même. Il faut noter ceci que le médecin des hommes “ libres ”, s’il informe et persuade ses patients, ne les instruit pas de médecine ni ne les forme rationnellement à la connaissance des maladies. Le point mérite d’être souligné, car certains interprètes ont estimé que Platon concevait ici et dans sa législation une forme de “ persuasion rationnelle ”, c’est-à-dire une véritable pédagogie dont la persuasion serait le moyen. Mais c’est une hypothèse qui ne peut être défendue, comme le montrent les analyses de F. L. Lisi, “ Les fondements métaphysiques du nomos dans les Lois ”, puis, du même auteur, « Héros, dieux et philosophes ». Le livre IX reviendra en 857c sur le fait que jamais auparavant la législation n’avait été convenablement conçue, pour n’avoir pas procédé selon cette double méthode.
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